Article ‘Les Nouvelles Calédoniennes’
Par Frédéric Ragot
Sa capuche sur la tête, la mine sombre des mauvais jours après la lourde défaite de son équipe la veille à domicile face à l’AJ Auxerre (4-5), Philippe Hinschberger, l’entraîneur du Stade Lavallois (Ligue 2), ne perd rien de la séance d’entraînement qui se déroule sous ses yeux. Ce samedi matin, ses joueurs professionnels sont au repos mais l’ancien messin a tenu à assister à l’opposition des réservistes qui évoluent chaque week-end en DH. La mauvaise passe de son équipe, 18e au classement, pourrait l’inciter à lancer ces prochaines semaines quelques jeunes joueurs prometteurs dans le grand bain de la Ligue 2 pour apporter un peu de fraîcheur et d’enthousiasme.
De la fraîcheur ? De l’enthousiasme ? Ça tombe bien. César Lolohea en déborde en ce début de mois de février. Un an et demi après son arrivée en Mayenne, le Calédonien est dans la forme de sa vie. « Je pète le feu en ce moment », confirme-t-il.

Démonstration. Chasuble jaune sur le dos, le milieu de terrain en fait une nouvelle démonstration malgré des températures tout juste positives et un vent glacial. Positionné dans l’axe derrière les deux attaquants « mon poste de prédilection » avoue-t-il, même si Bernard Mottais, l’entraîneur des U19, l’utilise également dans un rôle plus défensif au grés des adversaires , l’ancien joueur de l’AS Magenta régale ses coéquipiers de ses passes millimétrées et trouve même à plusieurs reprises le chemin des filets. Mieux, il donne aussi de la voix pour replacer ses partenaires et faire bouger les lignes. « Je suis d’un naturel timide et je n’osais pas trop parler la première année, explique-t-il. Mais cette saison, je suis plus à l’aise et surtout j’ai compris qu’il fallait que je prenne mes responsabilités ».
Un changement d’attitude encore plus flagrant depuis la trêve hivernale. « César s’est enfin réveillé, confirment Bernard Mottais et Philippe Hinschberger, tous deux unanimes. Jusqu’à présent, il avait du mal à forcer sa nature, discrète et très gentille voire trop gentille pour ce milieu. » « En plus, il faut bien le dire, il se la coulait parfois un peu douce, poursuit Hinschberger. Mais là, tant à l’entraînement qu’en match, on sent que c’est un autre joueur et il nous montre vraiment de belles choses. Il faut qu’il continue comme ça. » Si sa qualité de pied n’a cessé de faire l’unanimité au sein du club lavallois depuis son arrivée, César Lolohea a pour l’instant toujours été jugé un peu tendre pour la Ligue 2.
Et s’il s’entraîne depuis le début de cette saison chaque jour avec le groupe professionnel des Tangos « ce qui m’a permis de prendre conscience des exigences du haut niveau, en terme de préparation physique mais aussi dans la récupération, le sommeil, la nutrition », souligne-t-il , le Calédonien doit se contenter le week-end d’aller renforcer la réserve en championnat DH. « Bien sûr, quand le coach affiche la composition de l’équipe pour le match du week-end en Ligue 2, je regarde si mon nom y figure et il y a toujours une petite déception quand ce n’est pas le cas, mais honnêtement, je n’en fais pas une obsession, confesse l’un des piliers de la sélection Cagou. Mon objectif est d’abord de décrocher à la fin de cette saison un contrat professionnel et après, je me fixerai de nouvelles étapes à franchir. »

Amateur. Toujours sous contrat amateur, Lolohea, conseillé par l’ancien CTR Christophe Coursimault, sait pourtant qu’à 23 ans, le temps presse. Hinschberger le confirme même à demi-mot en expliquant que « c’est la saison ou jamais pour César de nous montrer qu’il est capable de passer pro. Car ensuite, ce ne sera ni dans son intérêt ni dans le nôtre de poursuivre sa carrière chez nous en amateur. » Le natif de Lifou a donc encore quatre mois pour prouver qu’il peut faire aussi bien qu’un certain Georges Gope-Fenepej, rentré en jeu pour trois petites minutes le week-end dernier avec Troyes en Ligue 1 face à Lille.
« C’est sûr que ça me motive, reconnaît le milieu de terrain formé à l’AS Lito. Il faut que je fasse comme Georges : me lâcher plus, continuer à aller de l’avant. Et si je deviens enfin régulier, là, peut-être que le coach me donnera ma chance. » Dès demain matin, pour un match déjà décisif à domicile face à Nîmes ?