L’entraîneur, Thierry Sardo, a un plan pour ramener le trophée.
La Calédonie peut-elle remporter sa première Coupe d’Océanie ?
Oui, on fait partie des favoris. L’objectif, c’est d’abord de sortir des poules, d’aller en demi-finale. Ensuite, sur un match, voire deux, tout est possible. Après, dans les compétitions internationales, on voit souvent de grosses équipes rester au tapis au premier tour. Il faut donc rester vigilant.

La Nouvelle-Zélande, que vous pourriez retrouver en demie ou en finale, paraît supérieure, non ?
Ce sera costaud. Il y a quatre ans, ils avaient pris la compétition à la légère. Il ne faut rien enlever à notre victoire (2-0 en demie contre les Kiwis, avant une défaite 0-1 en finale face à Tahiti, NDLR), mais ils ne nous avaient pas respectés.
Ils s’étaient préparés à l’hôtel, étaient arrivés un quart d’heure avant le match… Ils ne s’attendaient pas à ce qu’on leur rentre dedans comme on l’a fait. Cette fois, ils auront certainement plus de respect.

Savez-vous comment jouent vos adversaires du premier tour ?
Les Papous, ça ressemble à notre style, ça va vite devant. Il faudra être solide, avec des joueurs rapides pour défendre dans les couloirs. Ils sont capables d’être dangereux, mais ils sont friables défensivement, alors si on arrive à leur mettre le feu… L’important, ce sera de savoir gérer nos émotions devant environ 20 000 spectateurs.
Ensuite, les Samoans, il faut les prendre avec respect, humilité. Il n’y a plus de petite équipe, c’est fini les 10-0. Quant aux Tahitiens, on connaît, c’est solide, mais si on leur met un peu de rythme ils peuvent exploser physiquement. C’est ce qu’a su faire Magenta en Ligue des champions contre Tefana, où évolue une partie de la sélection tahitienne.

Votre système tactique en 4-3-2-1 est-il immuable ? Peut-on s’attendre à des surprises ?
Même si on peut facilement basculer sur un 4-4-2 en cours de match, la base sur laquelle je veux m’appuyer c’est effectivement le 4-2-3-1. D’abord une phase de préparation, de conservation du ballon, qu’on soit propre dans la relance, pour trouver des surnombres en deux contre un. Pour ensuite lancer du jeu rapide, en passant sur les côtés, avec une grosse participation des arrières latéraux. Georges Béaruné ou Joseph Tchako à gauche, et Jean-Christ Wajoka ou Judicaël Ixoee à droite, ont le profil pour ça. En meneur de jeu, je compte sur César Zéoula, capable à la fois de créer et de défendre. Derrière lui, ce système nous permet d’avoir deux milieux défensifs, c’est plus sécurisant pour la récupération si on ne se replace pas assez rapidement. Chacun avec ses qualités, Cédric Sansot, Joël Wakanumuné, Joseph Athalé, Jacky Meindu et Joerisse Cexome peuvent occuper ce poste-là.

Il y a deux mois, vous évoquiez l’idée de jouer avec un seul milieu récupérateur au lieu de deux. Pourquoi ce changement ?
Au départ, nous étions partis sur un 4-3-3 qui bascule en 3-4-3 en phase de possession, avec un milieu défensif qui décroche entre les deux défenseurs centraux. On a testé ce positionnement en match amical au Vanuatu (défaite 2-1 le samedi 26 mars, NDLR), mais on a changé au bout d’une demi-heure, la ligne d’attaque était trop esseulée. On a préféré repasser à deux récupérateurs. En fait, on a inversé le triangle au milieu de terrain. Cela permet d’avoir plus de soutien vers l’attaquant et une meilleure assise défensive, avec un système de tiroirs entre les deux milieux axiaux. Celui qui est du côté du ballon sort au pressing, pendant que l’autre ferme l’angle de passe. La clé, c’est qu’ils ne doivent jamais se trouver sur la même ligne.

On se dirige donc vers un seul attaquant. Dans nos colonnes du jeudi 12 mai, Jean-Philippe Saïko expliquait pourtant qu’il préfère évoluer avec deux pointes…
Un attaquant dira toujours qu’il préfère être soutenu, mais je pense qu’il ne va pas trop se plaindre avec un César Zéoula derrière lui… Sachant que Jean-Philippe peut aussi jouer à gauche et Bertrand Kaï à droite. On a également Kévin Nemia. Et Georges Gope-Fenepej qui pourrait nous rejoindre pour évoluer sur le couloir gauche (on saura samedi si son club d’Amiens le libère à partir du troisième match du premier tour, NDLR). Sans oublier Brice Dahité et Roy Kayara, que je compte utiliser dans les couloirs. Et puis Georges Béaruné et Jean-Christ Wajoka sont capables de jouer un cran au-dessus, on l’a vu avec Magenta en Ligue des champions. J’ai plusieurs possibilités.

Beaucoup pensent que cette sélection est la meilleure que la Calédonie ait connue. Êtes-vous d’accord avec cette impression ?
Je ne vais pas me permettre d’affirmer que c’est la meilleure sélection de tous les temps, les précédentes étaient fortes, aussi, notamment la précédente avec Pierre Wajoka en milieu. Si, il y a quatre ans, nous nous étions qualifiés pour la Coupe du monde, on aurait dit que la génération d’avant était la plus forte. Notre avantage, aujourd’hui, c’est qu’on a des garçons qui ont l’expérience de jouer en Métropole. Mais on n’a encore rien gagné, on ne peut rien revendiquer. Si on gagne la Coupe des Nations, je dirais que c’est la meilleure sélection. Enfin, ce sont les autres qui le diront pour moi. Ce qui est certain, c’est qu’on a un groupe de grande qualité. À moi d’en tirer le maximum.
Interview courtesy of Les Nouvelles Caledoniennes www.lnc.nc